Comi

Arrivée des volontaires du service civil COMI à Malalhue (Lanco)

Après quelques jours de voyage, nous sommes enfin arrivés sur le lieu de notre année de service civil. Il s’agit de la ville de Malalhue, dans la municipalité de Lanco, région de Los Ríos, dans la macrozone Sur. À notre arrivée, nous avons été magnifiquement accueillis par des représentants de Medema, l’Organización Mujeres Emprendedoras de Malalhue, notre partenaire local.

Le projet auquel collaborent Comi et Medema vise à renforcer le rôle des jeunes, en soutenant leur développement personnel, identitaire et professionnel, par la diffusion de l’histoire et de la culture mapuche auprès des jeunes.

Dans la région, comme dans tout le Chili, il existe de graves inégalités en matière d’éducation, de santé, d’accès aux services et aux ressources, avec des désavantages particuliers pour les peuples originaires. Le précieux patrimoine social et culturel des Mapuches est menacé par le modèle de développement imposé par les politiques néolibérales du Chili depuis les années 1970. Malalhue elle-même est entourée de pins et d’eucalyptus, des plantes non indigènes, des monocultures aux mains des entreprises forestières qui altèrent l’équilibre environnemental de la région et ont considérablement réduit les terres arables. Une enquête réalisée par Comi en 2018-19 a montré que 90 % des jeunes de la municipalité de Lanco âgés de 13 à 19 ans affirment avoir une connaissance faible ou superficielle de la culture mapuche. Cet état précaire de l’identité, combiné à un taux de chômage élevé et à l’émigration des jeunes, est l’une des principales causes de la forte consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes.

Lors de notre première rencontre avec Medema, nous avons eu l’occasion de nous présenter et de faire connaissance avec les agricultrices et les entrepreneuses qui composent Medema, ainsi qu’avec leurs familles. Leur travail est aussi difficile qu’il est important. Depuis des années, ils réalisent un nouveau projet de vie et de travail collectif, dans le sillage de la tradition communautaire mapuche.

Grâce au programme de développement rural, ils partagent des moments typiques de la tradition agraire indigène, notamment la culture des haricots et des plantes médicinales. Ils parrainent et organisent des foires et des marchés où ils vendent des produits agricoles, mais aussi des produits artisanaux, comme la laine tissée sur un métier à tisser traditionnel. La vie agricole, la santé et le bien-être physique, la transmission de la culture ancestrale s’entremêlent dans les projets que ces femmes mènent au quotidien, luttant contre la désintégration de leur tissu social.

Pour nous, civilistes de Comi, c’est un privilège et une chance de pouvoir partager une partie de ce voyage avec eux. Pour notre part, avec le soutien de notre superviseur local, Pilar Reuque, nous entendons tout d’abord apporter toute l’aide possible à Medema dans ses projets. Nous voulons proposer diverses activités dans les écoles du village, comme des ateliers de théâtre, de musique et de technologie, et d’autres destinées à la citoyenneté, comme une radio communautaire, des tournois sportifs, des présentations de livres et des événements culturels.

Nous venons à peine d’arriver, et nous commençons à comprendre la complexité d’une réalité aussi fascinante et pleine de contradictions. De nombreux défis difficiles mais stimulants nous attendent. Nous avons une grande envie de nous impliquer et surtout d’apprendre.

Le premier rendez-vous et le premier terrain d’essai auront lieu le mardi 2 août, lors de l’inauguration du marché de la place Malalhue. Nous espérons pouvoir y contribuer de manière utile et constructive.

Pewkayall !

Pâques 2022

Solidarité de Pâques avec les COMI !!

Cette année encore, pour notre collecte de Pâques, nous avons fait appel à ADGENTES, une association de promotion sociale qui, depuis 1994, réunit membres et bénévoles autour d’un idéal commun : le commerce équitable.

Nous proposons donc deux sachets d’œufs en chocolat, l’un au lait et l’autre noir, emballés dans des sachets transparents biodégradables et compostables fabriqués à partir de pâte de cellulose dérivée des déchets de transformation des plantes à croissance rapide. Cela permet de réduire l’utilisation du plastique et des paquets qui, en raison de la nécessité d’éviter le contact direct entre le chocolat et l’emballage, nécessitent un emballage supplémentaire de l’œuf avec une feuille d’étain. Nous avons donc fait preuve de conscience environnementale.

Et ce n’est pas tout : pour rendre la proposition encore plus attrayante, nous avons enfermé les œufs dans de délicieuses enveloppes en papier, décorées à la main par Patrizia, un artisan qualifié, qui s’est amusé à créer des motifs originaux et festifs…

L’offre minimale pour chaque paquet est de 15,00 euros.

Les recettes, nettes des dépenses engagées pour leur réalisation, financeront les activités de COMI en faveur des enfants talibés de Kaffrine.

Les enfants talibés sont des enfants âgés de 3 à 15 ans, principalement issus de villages des zones rurales du Sénégal et des pays voisins (Mali, Gambie et Guinée Bissau), qui sont envoyés par leurs parents dans des daaras, des écoles coraniques traditionnelles pour apprendre le Coran et les préceptes de l’Islam.

Les enfants vivent ici dans des conditions sanitaires précaires, loin de l’affection de leurs familles, obligés de mendier pour se nourrir et payer leurs professeurs. Ils sont souvent victimes de violences et n’ont aucun droit. La plupart d’entre elles ne sont pas enregistrées à l’état civil et sont donc effectivement « invisibles » pour la communauté.

Dans le dépliant joint aux colis, vous trouverez des informations plus détaillées sur cette réalité.

Les recettes, nettes des dépenses engagées pour leur réalisation, financeront les activités de COMI en faveur des enfants talibés de Kaffrine. Les enfants talibés sont des enfants âgés de 3 à 15 ans, principalement issus de villages des zones rurales du Sénégal et des pays voisins (Mali, Gambie et Guinée Bissau), qui sont envoyés par leurs parents dans des daaras, des écoles coraniques traditionnelles pour apprendre le Coran et les préceptes de l’Islam. Les enfants vivent ici dans des conditions sanitaires précaires, loin de l’affection de leurs familles, obligés de mendier pour se nourrir et payer leurs professeurs. Ils sont souvent victimes de violences et n’ont aucun droit. La plupart d’entre elles ne sont pas enregistrées à l’état civil et sont donc effectivement « invisibles » pour la communauté.  Dans le dépliant joint aux colis, vous trouverez des informations plus détaillées sur cette réalité.  

 

Pour réserver les colis, appelez le 06 70451061 les mardis et jeudis de 10h à 18h ou écrivez un courriel à segreteria@comiorg.it en indiquant la quantité souhaitée, le mode de paiement (espèces, virement bancaire, compte postal), et en convenant du jour de la collecte au COMI. 

 

Joyeuses Pâques à tous

Trawün Mapuche à Malalhue : vers une nouvelle constitution plurinationale

À Malalhue, dans la Région de los rios, la Constituyente Trawün Mapuche Fütawillimapu2 a eu lieu les vendredi 14 et samedi 15 janvier, en présence des électeurs Victorino Antilef, Natividad Llanquileo, machi3 Francisca Linconao et Alexis Caiguan, élus à l’assemblée constituante aux sièges réservés aux pueblos originarios du Chili, les habitants de ces terres avant l’arrivée de Christophe Colomb et des Européens.

 

Le processus constituant au Chili a officiellement débuté avec le référendum du 25 octobre 2020, sous le gouvernement de Sebastian Piñera, en poste jusqu’au 11 mars 2022, pour tenter de désamorcer les fortes protestations qui ont débuté en octobre 2019 et ne se sont calmées qu’en raison de la pandémie de covidés en mars 2020 ; ces protestations, appelées au Chili estallido social, ont fait descendre des millions de personnes dans la rue, donnant lieu à des manifestations massives qui ont débuté à Santiago et se sont étendues à tout le pays.

 

Les 15 et 16 mai 2021, un vote est organisé pour choisir les 155 membres de l’assemblée constituante, dans laquelle 17 sièges sont réservés aux populations d’origine ; parmi ceux-ci, sept sièges sont attribués au pueblo mapuche, deux au pueblo aymara, un pour les pueblos diaguita, colla, atacameño, quechua, yagán, kawésqar, chango y rapa nui, tandis que le pueblo afro-descendant chilien est exclu. Outre les sièges réservés aux pueblos originarios, une autre étape historique dans leur reconnaissance est l’élection à la présidence de la Convención constitucional d’Elisa Loncon, universitaire, linguiste et militante mapuche. La constituante voit également une forte majorité de forces de gauche, dont beaucoup sont non partisanes et indépendantes des partis chiliens historiques.

 

La Constitution qui est en cours de rédaction et qui devrait être approuvée par référendum en août ou septembre 2022, sauf report, remplacerait celle de 1980, issue du Conseil d’État du régime militaire de Pinochet et donc son héritage direct, approuvée par référendum puis modifiée seulement dans certaines parties. L’intention des forces de gauche participant à la Convención Constitucional est de le changer todo, de changer complètement le système, de créer un Chili qui reconnaît les droits civils et sociaux, en mettant l’accent sur la démocratisation du système politique, la réduction des inégalités, la santé, l’éducation, le féminisme, l’environnement et les droits à l’eau. 

 

En ce qui concerne les pueblos et nations préexistants à l’État chilien, leur inclusion dans le processus d’écriture constitutionnelle passe par la création de la Commission des droits des peuples indigènes et de la plurinationalité, chargée d’élaborer un « document de base » fondé sur les droits des pueblos originarios et les traités internationaux, tels que la Convention 169 de l’OIT et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples indigènes, qui garantissent la participation des peuples originaires aux décisions qui peuvent les affecter4. Afin d’élaborer ce document de base, cinq principes fondamentaux sont établis, sur la base desquels un catalogue de droits à inclure dans la nouvelle Constitution, s’ils sont partagés par les peuples originaires, a été élaboré. 

 

Le premier est le principe de plurinationalité et de libre détermination des peuples, qui appelle à la création d’un Chili plurinational, qui reconnaît dans la Constitution l’existence de différentes nations préexistant à l’État chilien avec le droit à l’autodétermination, remettant effectivement en question la notion occidentale de l’État fondée sur l’hypothèse de l’unité inséparable de l’État et de la nation. 

 

Le deuxième principe concerne l’interculturalité et la décolonisation, et propose de décoloniser la pensée afin de reconnaître, sur un plan d’égalité et de respect mutuel, les différentes formes de connaissance, les différences entre les cultures et leurs manières de concevoir, de voir et de connaître le monde, rendant possible un dialogue horizontal qui valorise les différences.

 

Le troisième fondement est Buen Vivir, le bien vivre, appelé Kume Mongen par le pueblo Mapuche et Suma Qamaña par le pueblo Aymara. C’est la vie en plénitude, une forme de vie en équilibre et en communauté, dans laquelle les êtres humains et la nature se complètent ; une coexistence pacifique dans laquelle la personne est en harmonie avec elle-même, avec les autres personnes et avec la nature qui l’entoure. 

 

Le quatrième garantit la protection et le respect des droits de la nature, en l’identifiant également comme sujet de droit, et reconnaît les peuples originaires comme gardiens de l’équilibre naturel de leurs territoires ancestraux, ainsi que le lien spirituel des peuples avec leurs territoires.  

 

Enfin, le cinquième principe établit l’égalité et l’interdiction de la discrimination, en réaffirmant que les peuples originaires sont libres et égaux à toutes les autres personnes et à tous les autres peuples, et qu’ils ne peuvent donc pas faire l’objet de discrimination dans l’exercice de leurs droits, notamment en ce qui concerne leur origine et leur identité autochtones5.

 

Malgré les espoirs placés dans le processus d’élaboration de la Constitution, il existe manifestement des forces politiques différentes au sein de la Convención, de fortes craintes quant aux chances réelles d’approbation du texte par référendum, et diverses perplexités quant au temps limité dont disposent les Constituants et à la nécessité d’une majorité des deux tiers de l’assemblée pour pouvoir insérer des normes dans le texte constitutionnel, facteurs qui pourraient désamorcer, du moins en partie, la radicalité des revendications. 

 

Le Trawün, qui a eu lieu à l’occasion des Semaines territoriales, a été organisé par Victorino Antilef et Carmen Caifil, candidats à un binôme électoral garantissant l’égalité des sexes et élus comme représentants mapuches de la Région de los Ríos à l’Assemblée constituante ; Victorino Antilef représente non seulement les Régions de Los Ríos, Los Lagos y Aysén à la Convention, mais est originaire de la Communauté mapuche d’Antilhue, dans la Comuna de Lanco. L’objectif de la réunion était, d’une part, de dialoguer avec les communautés mapuches de la Région de los Ríos sur les principes, les demandes et les points fondamentaux à inclure dans la nouvelle constitution, afin qu’elles puissent les proposer aux différentes commissions, et d’autre part, d’inciter les communautés elles-mêmes à proposer des normes à inclure dans le texte constitutionnel, étant donné que les peuples indigènes ont des manières particulières de les proposer6, avec un nombre beaucoup plus faible que les initiatives de droit commun.

 

Cependant, les peuples originaires n’ont pas une opinion homogène en ce qui concerne le processus constituant et la confiance à accorder aux institutions ; au cours du premier jour de la réunion, de nombreux doutes ont été exprimés quant à l’opportunité pour le peuple mapuche de participer à une pétition convoquée par l’État, s’insérant dans un processus de reconnaissance des droits des pueblos originarios au sein de l’État chilien, fortifiant de fait le même système étatique responsable de l’appropriation des terres du pueblo mapuche. D’une part, le peuple mapuche dispose d’un traité toujours en vigueur avec l’État chilien, le traité de Tapihue de 1825, qui reconnaît les terres du sud comme territoire mapuche ; d’autre part, l’inclusion du peuple mapuche dans une logique étatique risque de désamorcer les possibilités d’autonomie et d’auto-gouvernement des populations originelles.

 

Pendant les deux jours de travail qui ont eu lieu à Malalhue, il y a eu un premier moment de discussion au cours duquel ces questions, doutes, perplexités, craintes et critiques ont été mises en évidence et débattues, et un second moment au cours duquel, à la lumière également des discussions précédentes, nous nous sommes divisés en groupes de travail et avons essayé de faire des propositions plus concrètes sur ce que nous voulons inclure dans la nouvelle Constitution, malgré la méfiance quant à sa réelle efficacité pour le pueblo Mapuche. Comme l’a souligné Machi Francisca Linconao, qui a été emprisonnée pour son activité de défense des droits de l’homme et des territoires ancestraux mapuches en opposition à l’entreprise Palermo, l’objectif ultime est l’autonomie et l’autodétermination du pueblo mapuche, ainsi que la récupération de toutes les terres ancestrales qui ont été enlevées aux communautés ; les individus, les communautés ou les loffe7 peuvent et doivent choisir d’inclure ou non le soutien au processus institutionnel parmi les stratégies, ou de poursuivre la lutte par d’autres moyens et d’autres voies.

 

Être au Chili en ce moment historique de changement est certainement une opportunité de pouvoir observer de près le processus, tant d’un point de vue institutionnel que de sa réception par la population du territoire, et de pouvoir suivre de près l’évolution du processus de rédaction de la nouvelle Constitution chilienne.